Hier soir, nous avons participé au ciné-débat « On mange quoi ? » à l’Espace de la Vallée, organisée par l’association Sauterci. Une soirée qui a permis de regarder notre alimentation non seulement comme ce qui remplit nos assiettes, mais comme un système alimentaire, à l’interface entre consommateur, producteur, distributeur et politiques publiques.
Une santé à bout de souffle
L’alimentation est le pilier de notre vie, avec le sommeil et le lien social par les activités culturelles et sportives. Elle influe sur notre bien-être, notre santé physique et mentale. En ce sens, pour prendre soin de notre santé, il est nécessaire de prendre soin de notre alimentation.
Le film « On mange quoi ? » met en avant des consommateurs, producteurs et distributeurs cherchant à agir pour une agriculture locale, biologique.
Le documentaire a mis en lumière un enjeu central : les pesticides. Ces substances chimiques, omniprésentes dans l’agriculture conventionnelle, circulent dans notre alimentation comme des toxines lentes, affectant notre santé, notre environnement et notre société. Elles contribuent à la multiplication des maladies chroniques, des maladies neurodégénératives (touchant aujourd’hui une personne sur six) et des cancers. La participation du Docteur Bertrand Isidor, responsable de l’unité de génétique clinique au CHU de Nantes, étant éclairante à ce niveau pour appuyer scientifiquement le coût sanitaire des pesticides et des aliments ultra-transformés. Il a notamment expliqué l’importance de la prévention, qui doit devenir une culture à part entière de notre système de santé publique.
Ce système alimentaire basé sur les intrants chimiques (azote, phosphate, pesticides) pèse également sur les finances publiques, avec un coût estimé à 19 milliards d’euros chaque année pour soigner et réparer les dégâts, et sur les écosystèmes, où la chute massive des populations d’insectes et de la biodiversité est visible jusque sur nos pare-brises.
Des pistes d’actions concrètes
Mais le film et le débat ont montré aussi des pistes d’espoir. La participation du GAB44 (Groupement des Agriculteurs Biologiques) a permis d’expliquer que l’agriculture biologique, notamment lorsqu’elle s’appuie sur des circuits courts comme les AMAP, des initiatives publiques comme le projet alimentaire territorial (PAT) de Nantes Métropole, favorisent la résilience des producteurs et recréent de la proximité avec les consommateurs. Ces modèles permettent de renforcer la confiance, d’améliorer la qualité des aliments et de préserver nos sols et nos écosystèmes, pour un budget similaire (les marges de la grande distribution sont évitées). Nous avons toutes et tous plus confiance lorsque nous savons à qui nous achetons nos aliments et savons comment ils sont produits.
Pour autant, beaucoup de familles expriment aujourd’hui la même inquiétude : comment protéger ce qui compte le plus quand le contexte économique est difficile ? Des solutions existent pourtant pour agir concrètement : développer la part d’aliments bio et locaux dans les cantines, avoir une alimentation davantage diversifiée en protéines végétales, faciliter l’accès à une alimentation saine pour les personnes qui rencontrent des difficultés financières, agir sur la prévention avec les couples souhaitant avoir des enfants, soutenir les AMAP locales, et cuisiner davantage plutôt que recourir à des produits ultra-transformés.
Hier soir, ces échanges ont rappelé que mieux comprendre ce qui nous nourrit, c’est déjà prendre en main la santé de nos corps et de notre territoire. La question n’est plus seulement ce que nous mettons dans nos assiettes, mais comment nos choix alimentaires façonnent notre avenir collectif. La question de l’alimentation est une affaire de santé publique : nous en prendrons soin.
Merci à l’association Sauterci et à tous les bénévoles pour l’organisation de cette soirée !